Avec la crise financière que subissent violemment tous les indépendants, nombreux sont mes confrères et consoeurs qui ont décidé de « casser leurs prix », y compris pour les mariages de 2021.
Si je peux naturellement comprendre que l’on casse ses tarifs à court terme pour simplement pouvoir manger, casser ses prix pour des contrats se déroulant dans un an, permet certes d’encaisser un acompte (cassé lui aussi), mais est de nature suicidaire, suicide personnel et collectif.
Peut-on continuer à vivre de son travail avec des tarifs divisés par deux ou plus? Bien sûr que non! C’est le début d’un suicide personnel.
Rien ne permet par ailleurs aux mariés qui profitent de tarifs indécents d’avoir un minimum d’assurance que le prestataire retenu (photographe ou autre) sera encore en fonction dans un an.
Suicide collectif aussi, parce qu’en cassant les prix, et en travaillant nécessairement à perte, c’est l’ensemble de la profession qui va partir à vau-l’eau; profession déjà malmenée par les photographes du week-end, qui, aussi talentueux soient-ils, n’ont pas le courage de devenir indépendants, restent sagement salariés la semaine et proposent des tarifs à coût marginal.
Les mariés, et comment leur reprocher!, ne se sentent absolument pas concernés. Dans un pays qui compte 10 millions de pauvres et 20 millions de personnes qui arrivent tout juste à survivre, pour boucler le budget d’un mariage, tout tarif « intéressant » est bon à prendre.
Alors que faire devant cette situation qui me semble avoir tendance à s’amplifier et à se généraliser?
Baisser mes prix? Non, je ne suis pas suicidaire et j’aime trop les mariages pour arrêter.
Conserver les mêmes tarifs? La concurrence des prix cassés surajoutée à celles des photographes du week-end est tellement rude que cela m’a semblé une approche trop attentiste et passive.
Qu’ai-je alors décidé?
Et bien je vais essayer de changer de « segment » de clients en modifiant mon offre.
Une offre uniquement en semaine et à l’heure pour les mariés les plus modestes, et qui souvent se marient en semaine où tout est moins cher, mais pour qui la photo a quand même de l’importance.
Symétriquement, une offre très complète, sans limite de durée, avec livre photo de 80 pages, tirages papier et nuit sur place pour des couples plus aisés, voire très aisés, et qui désirent une prestation « no limit » avec un photographe rompu à la pratique du mariage.
Enfin, une offre intermédiaire, correspondant à la durée la plus courante de présence d’un photographe de mariage, 12 heures, enrichie d’un livre photo.
En faisant cela, pour les mariages se déroulant les samedis, je me suis beaucoup éloigné du budget moyen que les mariés accordent à la photographie (autour de 1200€ en France).
Mon offre va donc essayer de séduire d’une part les mariés les plus modestes, d’autre part les mariés plus aisés qui attendent un service professionnel irréprochable sans chercher à payer un restaurant gastronomique au prix d’un Menu Big Mac.
Statistiquement c’est naturellement (très?) risqué. Mais la panique et l’angoisse provoquées par le Covid me semblent les pires conseillères.
Mon analyse de la situation et du marché est-elle juste? Qui vivra verra.